La spiritualité
La spiritualité est au cœur de notre existence. Nous vivons dans une harmonie précieuse avec la Forêt, car pour nous, l’univers est composé de deux niveaux : celui des esprits, qui gouvernent les forces invisibles, et notre monde physique et matériel. Ce fragile équilibre entre ces deux sphères est ce qui soutient toute vie. Chaque créature, chaque arbre, chaque rivière, est habité par les esprits, et c’est en communiquant avec eux que nous trouvons notre place dans cet ordre sacré.
Nous croyons que les esprits sont toujours présents, invisibles mais omniprésents, observant nos actions et jugeant la valeur de nos actes. Ils récompensent les bonnes actions et punissent les mauvaises, apportant bénédictions ou malédictions selon leur jugement. Certains lieux dans la Forêt sont particulièrement sacrés, habités ou protégés par des esprits spécifiques. Lorsqu'un nouveau-né montre des qualités semblables à celles d’un esprit, il peut être nommé en son honneur, liant ainsi l’enfant à une force spirituelle dès ses premiers jours.
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Les chamans : guides entre les mondes
Les chamans de notre clan jouent un rôle essentiel dans cet équilibre entre le monde des esprits et le nôtre. Ils sont nos médiateurs, ceux qui peuvent entendre et interpréter la volonté des esprits. Ce sont eux qui organisent les rituels sacrés qui rythment notre vie et nous permettent de rester en lien avec les forces invisibles qui nous entourent. Devenir chaman est une voie difficile, exigeant une discipline et une rigueur extrêmes. Peu d’entre nous choisissent cette voie, car elle demande un dévouement complet. Habituellement, nous n’avons qu’un Aîné chaman, assisté de un ou deux apprentis.
Les enseignements des chamans nous rappellent constamment que nous faisons partie d’un tout plus grand. Nous ne sommes pas supérieurs à la nature, mais ses égaux. Les chants et les prières que nous récitons célèbrent l’harmonie entre la terre, le ciel, l’animal et le végétal. Voici une prière que nous récitions souvent pour honorer cette interconnexion.
“La terre dont je suis fait
Aime la terre qui me fait
Je célèbre la terre en moi et autour de moi
Le ciel dont je suis fait
Aime le ciel qui me fait
Je célèbre le ciel en moi et autour de moi
L’animal dont je suis fait
Aime l’animal qui me fait
Je célèbre l’animal en moi et autour de moi
Le végétal dont je suis fait
Aime le végétal qui me fait
Je célèbre le végétal en moi et autour de moi.”
Ces mots expriment notre lien profond avec la nature, nous rappelant que chaque être est fait des mêmes éléments que le monde qui l’entoure, et qu’en le respectant, nous honorons aussi les esprits.
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Les esprits de la Forêt
Notre croyance en la puissance des esprits est essentielle à notre compréhension du monde. Certains esprits sont bienveillants, d’autres plus neutres, mais tous détiennent une force unique liée à une qualité, un défaut, ou un aspect de la vie quotidienne. Leur pouvoir varie, certains ne pouvant que nous observer, tandis que d’autres ont la capacité de se manifester ou d’interagir avec notre monde.
Voici quelques-uns des esprits les plus importants pour nous, il s’est avéré par la suite que ces noms sont également ceux de plusieurs de mes ancêtres ou personnalités qu’ils ont rencontrées. Je ne saurais dire s'ils sont à l’origine de ces noms ou bien s'ils ont été nommés ainsi en hommage. Ou bien un peu des deux, notre religion prônant un retour à la Forêt et au monde des esprits après notre disparition du monde matériel.
Okto – l’esprit de la connaissance. Il nous a offert la structure unique de notre clan, basée sur le respect des Aînés, ainsi que de nombreux savoirs médicaux. Okto est un esprit sage, respecté de tous, et compagnon de l’esprit de l’amour, Tethi.
Tethi – l’esprit de l’amour. Elle a créé l’arbre d’amour, un lieu sacré pour notre clan. Son histoire est tragique : cherchant à rejoindre Okto, son compagnon, elle a sacrifié son enveloppe charnelle pour que de ses cendres, la Forêt puisse croître et prospérer.
Faye – un esprit farceur. Souvent responsable de la disparition mystérieuse de petits objets. Bien qu’il puisse causer des désagréments, Faye est plus espiègle que véritablement dangereux.
Jarkei – l’esprit du courage. Protecteur de la grande cascade. Il observe les Nah’utal, jugeant leur bravoure. Il nous enseigne que la peur est naturelle, mais que nous devons la dépasser pour grandir et protéger notre clan.
Uepu – l’esprit de la détermination. C’est lui qui a offert au clan le combat rituel, une forme de combat au corps à corps qui prône l’équilibre et la ruse. Tout Nah’utal apprend ce combat dès l’enfance, et il est central dans de nombreuses cérémonies, en particulier lors du passage à l’âge adulte.
Teffara – l’esprit de l’apaisement. Elle nous a appris à voir le monde avec une nouvelle perspective, apportant la guérison par la parole et la réconciliation avec la nature.
Totsei – l’esprit de la croyance, protecteur de la rivière de la foi. Les chamans sont particulièrement liés à lui, car il guide leurs visions et leur permet de comprendre les messages des esprits.
Yulai – l’esprit des songes, gardien du lac des rêves. Il n’est ni bon ni mauvais, apportant à la fois les rêves les plus doux et les cauchemars les plus terrifiants. Avec un rituel approprié, il est possible de communiquer avec lui à travers les fleurs des rêves.
Neyniet – l’esprit des arts. Elle a enseigné au clan différentes formes d’art, que nous perpétuons encore aujourd’hui. Sa voix est si envoûtante qu’elle peut inspirer des émotions puissantes à ceux qui l’entendent.
Eyne – l’esprit de la chasse. Vénéré pour assurer la réussite des chasseurs et les protéger. On raconte qu’il apparaît parfois sous la forme d’un animal à ceux qu’il juge dignes de son attention.
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Les rites et cérémonies
Tout événement important – naissance, deuil, mariage, passage à l’âge adulte – donne lieu à de grands rassemblements pour tout le clan. À cette occasion, les responsables coutumiers, chamans et érudits, prononcent de longs discours, récitent généalogies et histoires.
Lorsqu’un membre meurt c’est tout le clan qui est endeuillé par cette perte, ils partagent tous cette peine sans hésiter à l’exprimer. Cependant la mort n’est pas vue comme une fin mais un changement. Il n’est pas souhaitable de ressentir de la tristesse trop longtemps pour aider le défunt à retourner au sein de la Forêt et rejoindre les autres esprits sereinement.
“La Forêt donne mais elle prend également
Honore la vie et sa fugacité
Car tôt ou tard, tout retournera un jour à la Forêt.”
Les premiers signes de puberté des jeunes filles et garçons font l’objet d’une cérémonie de passage à l’âge adulte. Celle-ci débute par une épreuve à laquelle le Kiffar doit se soumettre pour obtenir sa place au sein du clan. Puis s’ensuivent de grandes festivités.
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